Reconnaître une truite de souche meditéranéenne et atlantique
LA TRUITE DE SOUCHE ATLANTIQUE

LA TRUITE DE SOUCHE MÉDITERRANÉENNE

POURQUOI RENCONTRE T-ON DEUX TYPES DE TRUITE EN FRANCE?

C’est la diversité des bassins versants* qui scinde la population de truite fario en deux parties : Le bassin versant qui draine l’eau jusqu’à la mer Méditerranée et le bassin versant qui draine l’eau jusqu’à l’océan Atlantique. Ces grands bassins versants peuvent à leur tour se diviser en plus petits. On en distingue six principaux en France :
On distingue en France six grands bassins versants :
Artois - Picardie
Seine - Normandie
Rhin - Meuse
Loire - Bretagne
Adour - Garonne
Rhône - Méditerranée - Corse
Au cœur de la Bourgogne existe un endroit où la goutte de pluie, selon qu'elle tombe ici ou trois mètres plus loin, s'en va rejoindre la Manche, l'Atlantique ou bien encore la Méditerranée, après avoir grossi soit l'Yonne puis la Seine, soit la Loire, soit la Saône puis le Rhône. C'est la ligne de partage des eaux.
La ligne de partage des eaux correspond aux crêtes qui délimitent les bassins versants Atlantiques ou Méditerranéens. Selon où tombe les gouttes d’eau durant les précipitations, elles grossiront soit les rivières et fleuves du bassin Atlantique, soit Méditerranéen. A quelques mètres près, l’avenir de ces gouttes de pluie sera alors très différent.
La population de truite fario Salmo trutta qui a colonisé l’Europe avant la dernière glaciation (Würm : 115 000 à 11 700 ans) s’est retrouvée divisée en 2 sous populations isolées l’une de l’autre par la ligne de partage des eaux. Ces deux sous populations, ont donc évolué de manière indépendante pendant plusieurs milliers d’années. L’évolution différente en fonction d’un environnement n’ayant pas les mêmes caractéristiques a donc modelé deux souches de truites : La souche Atlantique (ATL) et la souche Méditerranéenne (MED), qui, rappelons-le, appartiennent malgré tout à la même espèce et peuvent se reproduire entre-elles. Chacune de ces souches est parfaitement adaptée à son environnement (hydrologie, habitat, prédation, …).

Attention cependant : Au sein même des lignées ATL et MED, il existe des souches indigènes à différentes échelles du bassin versant (à l’échelle des fleuves, à l’échelle des rivières, des ruisseaux, …) qui permettent de subdiviser ces deux grandes lignées ATL et MED en sous-groupes très localisés.
Dans les Pyrénées, les deux souches sont présentes :
=> ATL pour les Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Ariège.
=> MED pour l’Ariège, l’Aude, Pyrénées-Orientales.
On se rend compte qu’un territoire comme l’Ariège peut posséder les deux souches.
En ce qui concerne les Alpes et pré-Alpes françaises, seule la souche MED est représentée.
Quant à lui, le massif central, tout comme les Pyrénées, possède aussi les deux souches.
Bien que biologiquement parlant, nous sommes censés retrouver seulement des truites ATL sur le bassin versant Atlantique et des truites MED sur le bassin versant Méditerranéen, la réalité est tout autre et la dynamique naturelle de la répartition des souches est entravée par l’activité humaine.
COMMENT LES DIFFÉRENCIER:

Différentes souches de la truite fario – Les poissons d’eau douce de France – 2020
Pollution génétique…
Dès 1930, pour différentes raisons (pisciculture, halieutisme,…) certaines souches ont été introduites là où naturellement elles ne devraient pas prospérer. À titre d’exemple, les truites de souche ATL ont été pendant de longues années introduites dans de nombreux cours d’eau du bassin versant Méditerranéen. La souche indigène MED s’est donc « hybridée » avec la souche ATL. Ceci a eu pour conséquence la perte d’adaptabilité de la population de truite dans leur environnement et donc, sur le long terme, une moins bonne capacité à prospérer. Aujourd’hui, dans les rivières du bassin versant Méditerranéen, on retrouve donc des poissons pure souche MED, des poissons hybridés ayant les caractéristiques des deux souches et parfois des poissons de pure souche ATL.

Attention cependant : Evaluer la pureté génétique d’un individu en se basant seulement sur ses caractéristiques visibles (=Phénotype) est peu fiable et non infaillible. Le moyen le plus sûr reste le séquençage génétique des individus qui permet de connaitre en pourcentage la pureté des individus.
« L’importance des déversements de juvéniles d’élevages de truites Nord Atlantique risque de faire disparaitre les souches locales en raison de la compatibilité presque totale entre truites introduites et naturelles (hybridation). Ce phénomène est préoccupant en particulier lors d’introgression de gènes Atlantiques dans les populations méditerranéennes ou Corses, risquant d’en baisser l’adaptation locale. Une gestion patrimoniale, dans laquelle le déversement de truites domestiques est abandonné au profit de la réhabilitation du milieu, est de plus en plus appliqué en France. »
Les poissons d’eau douce de France – Collection Inventaires & biodiversité – Muséum nation d’Histoire naturelle 2020

Vers une gestion patrimoniale
Le principe de la gestion patrimoniale est donc de laisser les poissons indigènes se reproduire sans introduire d’alevins ou de poissons adultes d’une souche différente afin d’éviter la pollution génétique. Cette gestion a du sens là où les populations sont génétiquement pures où au moins sauvages et fonctionnelles. L’idée est donc de focaliser la gestion sur la réhabilitation et la restauration du milieu naturel plutôt que sur les empoissonnements et alevinages ayant pour but l’artificialisation des populations.
Quelques moyens pour distinguer la souche des individus au bord de l’eau (à prendre avec légèreté toutefois)
Quelques indications visuelles permettent de faire, au doigt mouillé, la différence entre une truite de souche ATL et une truite de souche MED.
Reprenons les deux types de truites présentées en début de page :
Quelques critères de reconnaissances externes pour une évaluation de la souche

MED:
a: marque de parr visibles sur la hauteur du corps.
b: pas de frange blanche sur la nageoire anale
c: ligne latérale peu visible, ou même invisible
d:les points sont petits , de couleur rouge et/ou noir, et de forme irréguliére
e: le nombre de points sur l'opercule est au moins supérieur à 8, bien souvent même supérieur a 16
f: Un point noire est toujours présent sur le préopercule
ATL:
a: marque de parr plus courte et plus ronde
b: une frange blanche borde la partie inférieur de la nageoire anale
c: la ligne latérale est bien visible et coupe bien souvent des points rouge ocellés de blanc
d: gros points rouges ou noirs cerclés de blanc
e: généralement 5 ou 6 points sur l'opercule
f: présence aléatoire du point noir sur le préopercule
Et sur notre territoire, ça donne quoi ?
En théorie, nous devrions trouver seulement des truites de souche MED sur notre territoire de pêche. Cependant, après plusieurs dizaines d’années d’alevinages intensifs, les populations « pure souche » se font de plus en plus rares. Néanmoins, après une étude génétique menée par la FD01 sur quelques-unes de nos rivières, il reste, localement, quelques populations quasiment pures présentant une génétique parfaitement adaptée à leur environnement. C’est une chance que nous avons là et nous devons ainsi œuvrer pour préserver et maintenir ces populations indigènes afin d’assurer l’avenir de la pêche des poissons sauvages, mais aussi pour conserver la biodiversité nationale.